SCI et assujettissement à la TVA

Ecrit par Nelly Kerscaven le 8 octobre 2025

La gestion d’une Société Civile Immobilière (SCI) implique de nombreuses décisions stratégiques, notamment sur le plan fiscal. L’une des questions les plus récurrentes, et pourtant l’une des plus complexes, concerne l’assujettissement à la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA). Devez-vous facturer des loyers avec ou sans TVA ? Le régime de la SCI et TVA n’est pas uniforme : il dépend directement de la nature de la location que vous proposez.

Comprendre ces mécanismes est crucial, car un bon choix peut optimiser la rentabilité de vos investissements, tandis qu’une erreur peut entraîner des complications administratives et financières. Cet article vous éclaire sur les règles applicables et vous aide à prendre les meilleures décisions pour votre patrimoine immobilier.

Image d'une balance avec un point d'interrogation au-dessus, représentant la décision entre l'exonération de TVA pour la gestion immobilière et l'option de soumission à la TVA.

Le principe par défaut : l’exonération de TVA

En règle générale, les revenus locatifs d’une SCI sont exonérés de TVA. Ce principe s’applique principalement aux types de locations les plus courants :

  • La location nue à usage d’habitation : Il s’agit de la mise à disposition d’un logement non meublé pour la résidence principale ou secondaire du locataire.
  • La location nue à usage professionnel : Lorsque vous louez des bureaux, des entrepôts ou des locaux commerciaux sans aucun aménagement spécifique, les loyers sont naturellement hors du champ d’application de la TVA.

Cette exonération simplifie grandement la gestion comptable de la SCI : pas de TVA à collecter sur les loyers, donc pas de déclaration de TVA à déposer. Cependant, cette simplicité a une contrepartie majeure : l’impossibilité de récupérer la TVA payée sur les dépenses liées au bien immobilier (travaux de construction ou de rénovation, frais d’acquisition, charges d’entretien…).

Quand la SCI est-elle obligatoirement soumise à la TVA ?

Certaines activités locatives spécifiques rendent l’assujettissement à la TVA obligatoire. Si votre SCI se trouve dans l’une de ces situations, vous n’avez pas le choix : vous devez facturer la TVA sur vos loyers.

La location meublée avec prestations para-hôtelières

L’assujettissement devient obligatoire si, en plus de la location d’un logement meublé, votre SCI fournit au moins trois des quatre prestations suivantes, dans des conditions similaires à celles proposées par les établissements hôteliers :

  • Le petit-déjeuner ;
  • Le nettoyage régulier des locaux ;
  • La fourniture de linge de maison ;
  • La réception, même non personnalisée, de la clientèle.

Ce cas concerne souvent les résidences de tourisme, les résidences services pour étudiants ou seniors, ou les appart-hôtels gérés via une SCI.

La location de locaux professionnels aménagés

Si vous louez un local nu à usage professionnel, vous êtes exonéré. En revanche, si ce local est équipé des meubles et du matériel nécessaires à l’exploitation de l’activité de votre locataire, la location devient une prestation de services soumise à la TVA. Par exemple, la location d’un cabinet médical avec son matériel ou d’un atelier entièrement équipé.

La location de places de stationnement

En principe, la location d’emplacements de stationnement (parkings, garages, boxes) est, par nature, obligatoirement soumise à la TVA.

Cependant lorsque la location d’un emplacement de stationnement est accessoire à la location d’un autre bien exonéré (exemple : logement nu à usage d’habitation), elle est alors exonérée de TVA.

L’option pour la TVA : une décision stratégique

La location de locaux nus à usage professionnel est en principe exonérée de TVA, mais la SCI peut choisir délibérément de soumettre ses loyers à la TVA. C’est ce que l’on appelle l’option pour la TVA. Cette décision n’est pas anodine et doit résulter d’une analyse approfondie.L’option s’exerce pour chaque immeuble ou ensemble d’immeubles et doit être formulée par écrit auprès du service des impôts des entreprises (SIE) compétent. Comme le précise l’administration fiscale, cette option permet de déduire la TVA qui a grevé le prix d’acquisition ou de revient de l’immeuble. Cette option est particulièrement pertinente dans deux scénarios :

  • Lors de l’acquisition d’un bien neuf ou en VEFA (Vente en l’État Futur d’Achèvement), où le prix d’achat inclut 20 % de TVA.
  • Avant d’engager d’importants travaux de rénovation, qui généreront une charge de TVA significative.

Soumission à la TVA : avantages et inconvénients pour chacun

Le choix de la soumission à la TVA a des conséquences directes pour le bailleur (la SCI) mais aussi pour le locataire. Il est essentiel de peser le pour et le contre de chaque côté.

Du point de vue du bailleur (votre SCI)

Avantages ✅

  • La récupération de la TVA : C’est l’avantage principal et le moteur de l’option. Votre SCI peut déduire et se faire rembourser l’intégralité de la TVA payée sur ses dépenses : prix d’achat du bien, frais de notaire, travaux, honoraires d’architecte, factures d’entretien… Cela représente une économie de 20 % sur tous ces postes, améliorant considérablement la rentabilité de l’opération.
  • Amélioration de la trésorerie : Le remboursement de la TVA par l’État constitue une entrée de trésorerie non négligeable, surtout au démarrage d’un projet.

Inconvénients ❌

  • Gestion administrative complexifiée : Qui dit TVA, dit obligations déclaratives. Il faudra tenir une comptabilité plus rigoureuse et déposer des déclarations de TVA (mensuelles, trimestrielles ou annuelles), ce qui peut engendrer des frais de comptabilité supplémentaires.
  • Un loyer facialement plus élevé : Un loyer de 1 000 € HT devient un loyer de 1 200 € TTC. Cela peut rendre votre bien moins attractif pour certains locataires qui ne peuvent pas récupérer la TVA (exemple : les médecins).

Du point de vue du locataire

Avantage (s’il est lui-même assujetti à la TVA) ✅

  • Opération neutre : Pour une entreprise locataire qui facture elle-même ses prestations ou ses ventes avec TVA, la situation est totalement transparente. Elle paie le loyer TTC à la SCI, mais elle récupère intégralement la TVA via sa propre déclaration. Le coût réel pour elle reste donc le loyer hors taxes.

Inconvénient (s’il n’est PAS assujetti à la TVA) ❌

  • Un surcoût net de 20 % : C’est le principal obstacle. Si votre locataire n’est pas assujetti à la TVA (par exemple, un médecin, un auto-entrepreneur en franchise en base de TVA, une association), la TVA sur le loyer n’est pas récupérable. Elle devient une charge sèche qui augmente le coût de sa location de 20 %. Dans ce cas, votre bien devient beaucoup moins compétitif.

Le choix du régime de TVA pour votre SCI n’est donc jamais anodin. Il doit être mûrement réfléchi en fonction de la nature du bien, des investissements prévus et surtout, du profil fiscal de vos locataires cibles. Une bonne analyse en amont est la clé pour sécuriser votre projet et en optimiser le rendement financier. Naviguer dans les méandres de la fiscalité immobilière demande une expertise pointue. Pour sécuriser vos décisions et optimiser la gestion de votre SCI, s’appuyer sur des solutions fiables est essentiel. Découvrez comment Teledec peut simplifier vos obligations déclaratives et vous accompagner dans votre gestion.

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