Association et impôt sur les sociétés : quand la déclaration fiscale devient-elle obligatoire ?
Il existe une idée reçue tenace dans le monde associatif : le statut “loi 1901” serait synonyme d’exonération totale d’impôts. Pourtant, la réalité fiscale est bien plus nuancée. Si le but premier d’une association est par définition non lucratif, la nature de ses activités peut, dans certains cas, la placer sur le même plan qu’une entreprise commerciale aux yeux de l’administration fiscale. Pour les trésoriers, présidents d’association ou experts-comptables qui les accompagnent, la frontière entre activité désintéressée et activité lucrative est parfois floue. Comprendre quand une association est soumise à l’impôt sur les sociétés (IS) est crucial pour sécuriser la gestion de la structure et éviter les redressements.
Cet article décrypte pour vous le cheminement fiscal, de l’analyse de la lucrativité à l’obligation de produire une liasse fiscale.

Le principe de base : la gestion désintéressée
Avant même d’analyser les activités de l’organisme, l’administration fiscale s’intéresse à sa gouvernance. Pour espérer échapper aux impôts commerciaux (TVA, IS et Contribution Économique Territoriale), une association doit impérativement prouver que sa gestion est désintéressée.
Cela implique trois conditions cumulatives strictes :
- l’organisme est géré et administré à titre bénévole par des personnes n’ayant aucun intérêt direct ou indirect dans les résultats de l’exploitation ;
- l’association ne procède à aucune distribution directe ou indirecte de bénéfices, sous quelque forme que ce soit (ni ristournes, ni dividendes) ;
- les membres de l’association et leurs ayants droit ne peuvent pas être déclarés attributaires d’une part de l’actif, sauf reprise de leurs apports.
Si l’une de ces conditions n’est pas remplie, l’organisme est immédiatement considéré comme lucratif et devient assujetti à l’ensemble des impôts commerciaux. Si la gestion est bien désintéressée, l’analyse se poursuit avec l’examen de la concurrence.
L’association concurrence-t-elle des entreprises ?
Une association soumise à l’impôt sur les sociétés est souvent une structure qui, sans le vouloir, opère sur un marché concurrentiel. L’administration fiscale pose alors une question simple : l’activité de l’association concurrence-t-elle des entreprises du secteur lucratif ?
Si l’activité ne concurrence personne (par exemple, une action sociale très spécifique dans une zone géographique délaissée), l’association reste exonérée. En revanche, si l’association vend des produits ou des services sur un marché où opèrent déjà des sociétés commerciales (vente de produits dérivés, organisation de voyages, cours de sport…), elle entre potentiellement dans le champ de la fiscalité.
Cependant, la concurrence ne suffit pas à elle seule à déclencher l’imposition. Il faut que l’association exerce cette activité dans des conditions similaires à celles d’une entreprise commerciale. C’est ici qu’intervient la fameuse règle des “4 P”.
La méthode du faisceau d’indices : la règle des 4 P
Pour déterminer si une association doit être fiscalisée, l’administration utilise une méthode d’analyse en quatre étapes, classées par ordre d’importance décroissante. Il suffit qu’un seul de ces critères soit rempli de manière “lucrative” pour que l’exonération soit remise en cause.
1. Le Produit
Le besoin satisfait par l’association est-il couvert par le marché ? L’utilité sociale est le critère majeur ici. Si l’association s’adresse à un public en difficulté (sociale, économique, handicap) ou propose un service non couvert par le privé, son produit est considéré comme différent. À l’inverse, vendre des t-shirts standards est une activité dont le “produit” est purement commercial.
2. Le Public
L’association s’adresse-t-elle à tout le monde ou à un cercle restreint ? Une démarche commerciale vise généralement le public le plus large possible pour maximiser les ventes. Une association à but non lucratif cible souvent des personnes en situation de fragilité ou des membres spécifiques. Des tarifs modulés en fonction des revenus des bénéficiaires sont, par exemple, un indice de non-lucrativité.
3. Le Prix
Pratiquez-vous des prix de marché ? Si l’association vend ses prestations à un tarif inférieur à celui du secteur commercial (ou symbolique), elle se distingue des entreprises. Attention, un prix “légèrement” inférieur ne suffit pas ; l’écart doit être significatif et justifié par la nature désintéressée de l’action.
4. La Publicité
L’association utilise-t-elle des méthodes commerciales pour se faire connaître ? Le recours à de la publicité payante (campagnes d’affichage, spots radio, achats de mots-clés sur internet) est un indice fort de lucrativité. L’information sur les activités de l’association doit rester purement informative (site internet, newsletter aux adhérents) pour ne pas être requalifiée.
La franchise des activités lucratives accessoires
Heureusement, la fiscalité française prévoit une tolérance. Une association dont l’activité principale est non lucrative peut exercer des activités lucratives “accessoires” sans être immédiatement taxée. Pour bénéficier de cette franchise, trois conditions cumulatives doivent être réunies :
- la gestion de l’association doit rester désintéressée ;
- les activités lucratives ne doivent pas être prépondérantes (elles doivent rester minoritaires par rapport à l’activité principale) ;
- le montant des recettes annuelles tirées de ces activités lucratives ne doit pas excéder un certain seuil (fixé à 80 011 € pour l’année 2025).
Si ces critères sont respectés, l’association n’est pas redevable de l’IS ni de la TVA sur ces recettes accessoires. Si le seuil est dépassé, l’association devient une association soumise à l’impôt sur les sociétés pour ces activités.
Les conséquences : liasse fiscale et paiement de l’IS
Dès lors qu’une association est considérée comme lucrative (totalement ou partiellement via la sectorisation de ses activités), elle entre dans le monde de la fiscalité d’entreprise. Cela implique des obligations déclaratives rigoureuses. Vous devrez alors établir une liasse fiscale chaque année. Contrairement aux entreprises classiques, les associations peuvent parfois bénéficier d’un taux réduit d’IS sur certains revenus patrimoniaux (revenus locatifs, financiers), mais pour leurs activités commerciales, c’est le taux normal de l’IS qui s’applique (actuellement 25 %). La production de cette liasse fiscale (généralement le formulaire 2065 et ses annexes) nécessite une comptabilité d’engagement rigoureuse, capable de distinguer les charges et les produits affectés à chaque secteur d’activité. C’est une étape souvent redoutée par les bénévoles, car elle demande une technicité comptable que l’on ne trouve pas toujours en interne.
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Si votre structure dépasse les seuils de franchise ou exerce une activité concurrentielle, la déclaration de résultats devient incontournable. L’administration fiscale n’envoie plus de formulaires papier ; tout doit être télédéclaré. C’est ici que la rigueur rencontre la simplicité. Pour une association soumise à l’impôt sur les sociétés, l’utilisation d’un outil de télédéclaration fiable permet d’éviter les erreurs coûteuses. Que vous ayez besoin de déposer une déclaration 2065 complète ou simplement de déclarer des revenus patrimoniaux, Teledec propose une interface intuitive adaptée aux spécificités des organismes à but non lucratif. Vous pouvez importer automatiquement vos données comptables ou saisir votre liasse fiscale étape par étape, guidé par une aide contextuelle qui sécurise votre déclaration. Une fois validée, Teledec transmet directement votre liasse à la Direction Générale des Finances Publiques (DGFiP) et vous fournit l’accusé de réception officiel. Vous transformez ainsi une contrainte administrative complexe en une formalité rapide, vous permettant de vous reconcentrer sur ce qui compte vraiment : le projet associatif.
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